La troupe de comédie musicale Scèn’Epi (Puy de Dôme) s’est inscrite dans la démarche Église verte jeunes en juin 2023. L’équipe Laudato Si’ de la Communauté de vie chrétienne en Auvergne (CVX) a recueilli le témoignage de cette troupe artistique, que nous reproduisons ici avec leur autorisation.
Ce témoignage est tiré de leur lettre d’information de février 2024.
Et maintenant, petite interview d’un membre de Scèn’épi, la troupe de théâtre de jeunes amateurs (14/20 ans) du diocèse de Clermont. Après avoir été sur la scène dès 2014, Alex a pris place parmi les adultes bénévoles qui assurent la vie du projet et l’encadrement. En plus de la partie technique, il porte la dimension Église verte.
Alex, quel est le sujet de votre dernier spectacle ?
« Créateurs de demain » est une invitation à vivre en Humanité avec la nature et Dieu, inspirée par Laudato si ; il y est donc question d’avenir et d’écologie. Cinq personnages cherchent à construire un monde plus beau et plus juste en grandissant dans la Foi. Au lancement du projet, la priorité était la création du spectacle : mise en scène, enregistrement des bandes-son, etc. Mais en milieu d’année dernière nous avons pris un peu plus de recul et on s’est dit que le sujet de l’écologie méritait qu’on se questionne au nom de la troupe pour être cohérents avec le message de notre spectacle. Lors du week-end de sortie de fin d’année (juin 2023), nous avons donc lancé la réflexion sur la démarche d’Église verte et sa déclinaison « jeunes » qui correspondait bien à notre troupe.
Comment avez-vous déroulé votre approche sur le label ?
Du côté de l’équipe technique nous avons choisi de colorer les offertoires des messes que nous animons avec une attention à la Création, et d’expérimenter un repas végétarien sur 3 dont les bénéfices seraient le bilan carbone, l’économie et par ricochet l’achat de viande de meilleure qualité aux repas suivants. On a aussi proposé de relayer le site de co-voiturage Covoitribu aux organisateurs des spectacles. (https://www.covoitribu.fr/ )
Est-ce qu’il y a eu des résistances ?
Pas du côté des jeunes. Du côté de l’équipe technique, il s’agissait plutôt de craintes qu’on nous impose des actions trop compliquées ou inaccessibles. Par exemple, on se déplace avec 2 camions et plusieurs voitures, toujours optimisées par rapport aux couts du carburant, mais il nous semblait difficile de pouvoir faire mieux. Or la démarche Église verte est basée sur un plan d’action choisi par la troupe afin que nous puissions nous améliorer chaque année. Dans la catégorie « mode de vie », le questionnement sur notre nourriture était clairement possible pour nous. Il y a eu un peu de résistance sur le repas végétarien mais on voulait être en cohérence : donner un message sur scène et se l’appliquer, c’est forcément un peu d’effort ou de déstabilisation, autant pour celui qui va préparer le repas que pour celui qui va le consommer. Cependant, la réflexion a vite pris le pas : baisse du prix du repas et de l’impact carbone contre poulet en batterie et élevage non identifié du cochon !
Quel impact mesurez-vous aujourd’hui ?
L’équipe technique était très consciente qu’il fallait corriger notre manière de faire. Par exemple au moment des gouters avec les jeunes, les emballages et les produits industriels étaient dans le contre-témoignage. Les jeunes ont été moteurs ensuite et même impatients de la mise en œuvre. Il y a urgence à se poser ensemble pour identifier des actes qui durent dans le temps. Du côté des spectateurs, nous n’avons pas eu encore beaucoup de retour, bien que ce soit un sujet de discussion dans les familles qui nous hébergent. On a surtout communiqué au sein de la troupe, via le site internet et dans le journal du diocèse en octobre. Mais le sujet du spectacle est dans le bon timing puisque des paroisses nous ont demandé de faire une représentation en clôture de leurs parcours Laudato Si’. Nous ferons un premier bilan de nos actions en juin prochain.
Et toi, quelle était ta motivation personnelle ?
Je suis surtout conscient de ces sujets depuis que je travaille, avant j’étais dépendant des choix de mes parents puis de mes finances comme étudiant. En étant dans l’équipe technique, j’ai bien vu l’incohérence entre ce qu’on annonçait et ce qu’on vivait en termes d’image sur certains détails. Au moment de la création du spectacle, on a été plusieurs à lire Laudato Si’, Charles de Foucauld… J’ai profité de l’élan porteur du groupe pour construire cette cohérence. Je suis passé du côté de ceux qui ont envie. Aujourd’hui nous essayons tous de faire un effort à notre échelle et cela compte beaucoup.
Pour découvrir le spectacle, la troupe et pourquoi pas les inviter chez vous, quelque part en France :https://scenepi.com/