Église verte

Du 4 au 6 juillet, une partie de l’équipe nationale d’Église verte s’est réunie en séminaire au Châtelard, centre spirituel jésuite à Francheville (près de Lyon) pour une grande séance de travail ensemble : étant dispersés aux quatre coins de la France, nos rencontres régulières se font en visio et les occasions de se retrouver tous dans la même pièce sont rares.

L’équipe salariée ; les président, vice-président et trésorier de l’association ; un facilitateur issu de l’Arche Saint Antoine, Jorge (à gauche sur la photo) et une invitée, Corinne, responsable Écologie & Justice climatique à l’Église protestante unie, se sont réunis pour réfléchir à l’organisation interne d’Église verte et à la stratégie pour les 3 prochaines années. Nous vous relatons ici le programme, peut-être que certains points seront utiles à la démarche Église verte au sein de vos communautés.

 

Nous avons commencé par un dîner partagé le mardi soir, pour lequel chacun a apporté une partie du repas. Nous avons ensuite fait un jeu de société, simplement pour rire ensemble (Cranium était un jeu parfait pour cela ! il permet de jouer nombreux et mélange plusieurs jeux, type Pictionary, mimes, trivial pursuit…).

Le mercredi  a été une journée hybride : nous avons commencé par une matinée sur notre organisation interne, accompagnés par Jorge. Un système de photolangage nous a permis de commencer à exprimer, nous avons poursuivi la discussion avec un système d’aquarium/cercle samoan pour favoriser la circulation de la parole et l’écoute. Ce fut un moment fort où nous avons pu discuter de points importants dans nos relations de travail : le fonctionnement d’Église verte est toujours mouvant, pas une année n’a ressemblé à l’autre depuis sa création, que ce soit en termes de structure (passer d’un projet à plusieurs mains, porté administrativement par A Rocha, à une association loi 1901), de composition de l’équipe (passer d’une grande part de bénévolat et d’uniquement 2 personnes sur du temps de travail à une plus grosse équipe salariée, avec des missions et statuts différents), de propositions du label (d’un éco-diagnostic unique à la sortie de 6 déclinaisons)… Il nous fallait bien un temps pour discuter de notre organisation, étant donné que nous ne pouvons pas reproduire ce qui a marché par le passé, vu les changements (et ceux à venir !).


L’après-midi fut un temps de rencontres : nous avons écouté Corinne (à gauche sur la photo) de l’EPUdF nous présenter ses missions de responsable Écologie & Justice climatique et avons échangé avec elle sur ce que nous pourrions faire ensemble. Son poste a été créé suite au synode de l’Église protestante unie d’octobre 2021 « Écologie : quelle(s) conversion(s) ?« , en s’inspirant du poste déjà existant à l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, occupé par Jean-Sébastien Ingrand. Elle nous a par exemple parlé du réseau protestant de réflexion sur l’écologie « Espérer pour le vivant » (nouveau nom du réseau Bible & Création), du guide pour la sobriété énergétique qui inaugure une série de publications à venir… Nous avions déjà eu de multiples occasions de travailler avec Corinne (par exemple pour la retraite de Carême « Terre promise ») et nous réjouissons de poursuivre !

 

Nous avons ensuite écouté Xavier, délégué écologie de la province Europe occidentale francophone des Jésuites et envoyé en mission au Châtelard pour explorer la possibilité de le transformer en éco-centre spirituel, nous parler de cette expérimentation menée sur place. Il a été très intéressant de découvrir comment la question s’est posée, le déroulé de l’année d’exploration, le lien entre cette démarche d’éco-centre et leur entrée dans le label Église verte, la diversité des sujets abordés : retraites en lien avec l’écologie, travaux d’isolation et de rénovation, discussions pour reprendre la cantine en gestion propre, installation d’une maraîchère, liens avec les associations locales (LPO et FNE) concernant la biodiversité du parc de 36 hectares…

 

 

Xavier nous a fait vivre une « Marche du temps profond« , une balade contée pour parcourir les 4,6 milliards d’années de l’histoire de la Terre en 4,6 km. C’était un moment à la fois instructif et méditatif, reposant et dynamique, qui a évoqué de nombreux souvenirs d’écolier, de collégienne, de lycéen, d’étudiante et même de professeur de SVT à l’ensemble des membres du groupe. Il est frappant de constater la « lenteur » des temps géologiques en marchant plusieurs kilomètres et de voir l’ensemble des changements dans les derniers décimètre, centimètres, voire millimètres de la marche. Nous recommandons cette expérience !

Nous avons découvert quelques jours plus tard et par hasard une prière qui se prête tout à fait à la lecture en fin de marche. Vous la trouverez ici (tirée du magazine protestant régional Réveil de l’été 2023).


Après la marche, nous avons continué de réfléchir à notre stratégie pour les trois prochaines années, en approfondissant les idées concernant la promotion et le rayonnement d’Église verte. Nous savons qu’il reste beaucoup de travail avant que l’ensemble du monde chrétien intègre les enjeux écologiques, que ce soit dans la vie spirituelle ou concrète des communautés, et qu’Église verte soit une démarche bien connue au niveau national. En binôme, nous avons creusé les points de cet axe autour de 3 questions : pourquoi est-ce important ? Quels sont les résultats attendus (éventuellement chiffrés) ? Comment y parvenir, quels moyens mettre en œuvre, sur qui s’appuyer ?

Après la messe et le dîner, nous avons vécu l’atelier « Où atterrir ? » autour des cours d’eau, imaginé par le Collège des Bernardins, en partenariat avec Église verte à l’occasion du Temps pour la Création 2023. Découvrir les relations que chaque membre entretenait (ou non !) avec un cours d’eau proche de chez lui, entendre les questionnements de chacun, a été un moment très intéressant, pour se reconnecter avec un élément particulier de la Création auprès duquel nous habitons. Vous trouverez la fiche d’animation et les questions dans cet article. Nous avions déjà vécu l’année dernière deux ateliers (le récit de la relation à un non-humain et le cercle des essentiels). Il s’agit d’exercices spirituels développés par le Collège des Bernardins, inspirés des travaux de Bruno Latour, dont le but est de nous rendre sensibles au vivant dont nous dépendons, avec lequel nous sommes interdépendants et de vivre les valeurs de l’encyclique Laudato Si’. Ces ateliers peuvent se vivre sous la forme d’un parcours.


Le jeudi matin, après avoir repris l’axe « promotion & rayonnement », nous avons travaillé sur un point épineux : la vie du réseau. Avec 850 communautés inscrites dans une démarche à long terme (paroisses, associations, congrégations apostoliques, monastères), des groupes d’ados ou de jeunes adultes engagés à l’année et des parcours familles qui se lancent partout en France, il est évident que l’accompagnement et l’animation du réseau ne peuvent être les mêmes qu’au lancement, lorsqu’il n’y avait qu’une seule proposition. Il faut également prendre en compte le faible effectif de l’équipe salariée nationale, qui rend nécessaire une dynamique locale, notamment grâce aux ambassadeurs, car tout le suivi et l’animation ne peuvent être réalisés par quelques personnes éloignées du terrain. Pour poursuivre cette réflexion, déjà bien amorcée par deux ateliers superbement animés en mai et juin, par Anne-Sophie et Pierre-Benoît de la paroisse labellisée Saint Gabriel, nous avons travaillé en suivant la méthode des chapeaux de Bono, animée par Jorge. Très intéressant pour traiter un aspect après l’autre et arriver à une ébauche de chemin à suivre !

Le jeudi après-midi est venu le temps du bilan du séminaire : chaque personne apportait sa réflexion sous forme de post-it à « l’arbre de vie » (ce qui a été positif, apprécié), au « mur des lamentations » (les choses difficiles, les points négatifs) et à la « boîte à idées » (pour les prochaines éditions du séminaire). Tout le monde est ensuite reparti vers les quatre coins de la France. Ce séminaire nous a permis de nous retrouver en équipe, de discuter de sujets denses voire épineux et a renforcé notre envie de servir les communautés du réseau, présentes et à venir.

Notre article sur le séminaire 2022

Article & photos : J Maupas

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