Église verte

Juliette Maupas a représenté Église verte à la 15ème assemblée du réseau chrétien européen pour l’environnement (ECEN en anglais, European Christian Environmental Network), qui met en lien depuis 25 ans des délégués des Églises protestantes et orthodoxes membres de la CEC (Conférence des Églises Européennes), actifs sur les sujets écologiques. Cette assemblée avait lieu du jeudi 31 août au dimanche 3 septembre à Roskilde, au Danemark et nous étions accueillis par la paroisse luthérienne Sankt Jorgensberg.

Notre petite délégation française était composée de 3 personnes, Jean-Sébastien Ingrand, chargé de mission Écologie & Justice climatique de l’UEPAL et son homologue pour l’EPUdF Corinne Bitaud, qui a d’ailleurs rejoint l’équipe modératrice du réseau à l’occasion de cette Assemblée. Nous étions 80, venus de tous types d’Églises ou structures : Églises luthériennes d’état/majoritaires nordiques et allemande (et réformée suisse), Églises protestantes minoritaires (Europe de l’Est, Autriche, France, Italie, Grèce), Église orthodoxe, conseils nationaux œcuméniques d’Églises, éco-labels ou programmes d’accompagnement écologique pour les paroisses, lieux d’enseignement…

 

Peter Pavlovic, pasteur slovaque secrétaire du réseau, a ouvert l’Assemblée en présentant le programme, les participants et intervenants, le dossier théologique et politique (sur le Green Deal européen) « Every part of creation matters » et les discussions en cours à la CEC concernant l’avenir du réseau. 2 membres de longue date de l’ECEN ont ensuite pris la parole à l’occasion du 25ème anniversaire du réseau : fondé en 1998 à la suite de l’Assemblée européenne œcuménique de Graz, ses membres ont dès leur première Assemblée rédigé un appel aux Églises Européennes pour instituer le Temps pour la Création ! Ces rencontres régulières entre délégués des Églises sur les sujets écologiques ont permis de diffuser les pratiques à travers l’Europe, d’organiser des jumelages entre paroisses de plusieurs pays pour « transférer » des compétences et projets, ont été l’occasion de faire du plaidoyer, car un appel est rédigé à l’attention de la CEC et de ses membres lors de chaque assemblée.

La première journée s’est conclue par un culte à l’immense cathédrale de Roskilde, classée à l’UNESCO, présidé par l’évêque luthérienne (durant laquelle nous avons pu découvrir de très beaux cantiques danois sur la Création, traduits en anglais).

La matinée du vendredi était consacrée au sujet « Every part of creation matters », thème de l’Assemblée. 3 présentations théologiques ont ouvert la discussion, suivi de 4 interventions sous l’angle du dialogue des Églises et de la politique. Vous pouvez les retrouver ici si vous lisez l’anglais.

 

L’ECEN dispose de groupes de travail thématiques : nous avons eu deux temps d’échanges autour des sujets du réchauffement climatique, de la perte de biodiversité, des communautés en transition, du management environnemental et sur le dossier théologique « Every part of creation matters ». Église verte était représentée dans le groupe « management environnemental » et des discussions fructueuses ont permis notamment d’aboutir à un recensement de tous les programmes d’éco-management à destination des Églises en Europe, et bien sûr d’échanger sur les facteurs de succès, les écueils à éviter… au niveau des paroisses.

Le vendredi 1er septembre, nous avons participé à la célébration œcuménique d’ouverture du Temps pour la Création, qui s’est tenue en ligne au niveau mondial. Nous avons ensuite pu découvrir le travail formidable du label Grøn Kirke, porté par le conseil danois des églises, et le projet d’envergure « Transition verte » (Grønne Omstilling) de l’église luthérienne d’État danoise. Nous vous recommandons vivement de consulter les diaporamas, cela donne un aperçu enthousiasmant du travail au niveau national.

Présentation Grøn Kirke  Présentation Grønne Omstilling

 

Pour incarner cela, nous avons visité l’église « Vineyard Roskilde », 200ème église labellisée Grøn Kirke. Cette église évangélique a aménagé et décoré son local avec des matériaux de récupération : vieux plancher pour les murs acoustiques, palettes pour les canapés, portes et bobines de câbles pour les tables, fenêtres pour des cloisons… La récupération continue au sous-sol avec leur ressourcerie gratuite : des objets de maison sont régulièrement donnés et déposés et les membres de l’église ouvrent la ressourcerie aux gens du quartier, qui n’ont pas les moyens d’acheter ces objets. Les travailleurs sociaux de la ville connaissent l’existence de la ressourcerie et y orientent parfois leurs bénéficiaires.

Le samedi s’est ouvert sur une discussion sur l’avenir du réseau. La CEC souhaite revoir son fonctionnement et éventuellement arrêter de financer des postes salariés thématiques (comme écologie ou migration). Cela signifierait donc que l’ECEN devrait prendre son indépendance financière. La discussion ouverte en 2021 se poursuit, l’équipe modératrice de l’ECEN et Peter Pavlovic ont fait de nombreuses propositions. Le sujet n’est donc pas clos, affaire à suivre.

La matinée s’est poursuivie avec des discussions en groupes régionaux : certains, déjà existants ou très naturels comme les pays nordiques ou germanophones. La délégation française a pour sa part échangé avec des membres d’Italie et de Grèce, mais hélas, les délégués des pays latins n’étaient pas là ou ont fait faux bond au dernier moment, notre groupe était donc petit. C’était l’occasion de faire connaissance et de se rendre compte des différences entre nos pays : en France, des démarches nationales et structurées en réseaux existent (label Église verte œcuménique, salariés dédiés aux questions écologiques dans certaines unions d’Églises et référents diocésains à l’écologie intégrale, commission de la Fédération protestante de France…) tandis qu’en Grèce, les initiatives sont locales et pas encore fédérées ou structurées au niveau national. La Fédération Protestante italienne a une commission GLAM (Commissione globalizzazione e ambiente – Mondialisation & Environnement), mais pas d’initiative nationale et/ou œcuménique de type Église verte.

L’après-midi du vendredi a vu se succéder une table ronde avec des témoignages de jeunes, puis un résumé des travaux en groupes thématiques et enfin, la présentation de deux pays : un aperçu des initiatives biélorusses, que vous pouvez retrouver ici et une présentation de l’Institute for Ecological and Religious Studies à Uzhhorod en Ukraine. Nous avons ensuite reparlé des prochaines étapes quant à l’avenir du réseau et conclu la journée par un apprentissage de danses traditionnelles danoises et européennes.

L’Assemblée s’est conclue par un culte dans la petite église Sankt Jorgensberg, avec une prédication sur Marc 13 (5-8 et 21-27), le réchauffement climatique et les faux prophètes, ponctuée de beaux cantiques sur la Création. Les 19h de train suivantes ont permis à notre délégation d’admirer de beaux paysages et d’échanger sur cette Assemblée, une première pour Corinne et moi-même et une première en vrai pour Jean-Sébastien, qui avait déjà participé à celle de 2022 en visioconférence. Avoir pu rencontrer de nombreux « pairs » et échanger avec eux est ressorti comme un aspect très enrichissant et utile, qui pourrait être plus formalisé pour que les bonnes pratiques circulent encore plus vite !

Si vous lisez l’anglais, vous pouvez consulter le site Internet de l’ECEN ou bien vous abonner à la page Facebook.


Article rédigé par J. Maupas

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