Église verte

Voici le troisième article d’une série qui reprendra les interventions de la formation « Gestion des terres agricoles » du 20 novembre 2023. Le diaporama support est ici.

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Elles l’ont fait : les sœurs de la Croix

Terminons par l’exemple concret d’une communauté apostolique, les sœurs de la Croix, qui ont mené un véritable projet de conversion écologique sur leur terres. La ferme Saint-André a une histoire qui remonte à la fin du 19e siècle. Créée par une jeune bourgeoise alsacienne, Adèle de Glaubitz, qui avait à cœur l’éducation des jeunes femmes et la lutte contre la pauvreté et la précarité, la congrégation des sœurs de la Croix a eu très vite le projet d’un orphelinat agricole diocésain dans la ville de Cernay (Haut Rhin, près de Mulhouse). Cet orphelinat avait pour objectif d’accueillir des personnes démunies, notamment en situation de handicap.

Les terres autour de l’institut étaient avant tout exploitées pour l’alimentation et pour les besoins directs de la communauté  par les sœurs et les résidents de l’institut. Et puis, au fil du temps, le secteur médico-social s’est professionnalisé avec l’accueil de personnes salariées. Les sœurs ont donc progressivement laissé leur place. La dimension agricole s’est réduite avec la mise à bail à des agriculteurs qui ont décidé de planter du maïs sur les 140 hectares de l’institut : paysage désolant d’une monoculture alors que c’était le lieu de vie de tous les résidents.

En 2018, les aides de la PAC diminuant, la partie agricole était devenue un trou financier et la situation ne convenait plus du tout aux sœurs. Un vrai travail a alors été initié et aujourd’hui, en 2023, les 126 hectares de la communauté sont restaurés écologiquement. Cela a commencé en 2019 par une conversion en bio et une diversification des activités agricoles : maraîchage, culture de plantes médicinales, céréales, fourrage, poules pondeuses, chèvres, vaches, etc. Différentes choses ont permis de faire revivre le paysage de l’institut Saint-André qui accueille toujours 500 résidents et qui offre aussi par son Esat 270 postes adaptés, dont des postes agricoles.

 

Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Différentes structures, dont Terre de liens Alsace, ont été consultées pour construire un collectif autour d’un nouveau projet qui corresponde aux objectifs poursuivis par les sœurs et par l’institut à Saint-André et, en 2019 toutes ces personnes se sont réunies plusieurs fois pour essayer de co-construire une vision qui soit adaptée au lieu, et qui puisse aussi intégrer les résidents.

Diagnostic pour une conversion en bio, étude de la qualité des sols et des terres, étude d’impact sur le territoire pour savoir combien de foyers pourraient être alimentés si la ferme se mettait à vendre ses produits, et combien de personnes pourraient être salariées et employées : autant d’étapes avant d’arriver en 2020 à un appel à projet. Cela s’est conclu en juin 2022 avec la mise à bail à co-preneur qui a permis à huit agriculteurs de s’installer sur la nouvelle ferme Saint-André : un bail signé par plusieurs personnes qui portent ensemble le projet avec, bien sûr, l’intégration de clauses environnementales.

Pour résumer, voici les forces du projet et les éléments qui ont permis cette transition et cette conversion de la ferme Saint-André :

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Retranscription de l’intervention de Sarah Foxx lors de la formation « Gestion des terres agricoles » du 20 novembre 2023

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